samedi 22 juin 2019

Jérémie Bossone 'Spirale'

Entretien avec Isabelle Serrand & Wolfgang Pissors 'Berlin en Seine'



Il ne reste plus que 3 dates au moment où nous écrivons ces lignes : la pianiste Isabelle Serrand et le chanteur Wolfgang Pissors ont accepté de répondre à nos questions sur leur spectacle Berlin en Seine. Dernières dates  : 22, 23 et 29 juin, Théâtre de l'Essaïon.



Isabelle Serrand,comment a eu lieu la rencontre avec Wolfgang Pissors ?

A l'occasion d'une représentation de l'opéra de quat' sous, à laquelle participait aussi mon amie Ariane Dubillard, sous la direction de C.Schiaretti. Nous avons bu une bière ensemble...et nous sommes revus lors de soirées amicales où nous chantions ou jouions pour le plaisir : Wolfgang chantait Kurt.Weill et moi je jouais des musiques écrites pour Roland Dubillard ou des chansons de Prévert/Kosma et Christiane Verger, entre autres.



Votre spectacle nous fait redécouvrir Brecht, Prévert, Kosma...vous sentez-vous décalée par rapport au tout venant culturel actuel ?

Décalée, non, car je pense profondément qu'il s'adresse à l'auditeur contemporain, y compris à un public de jeunes. La question de la modernité n'est pas un problème pour moi, la qualité d'une oeuvre la rendant intemporelle, en tout cas échappant justement aux modes. Le problème ne vient pas du programme lui-même, mais des choix esthétiques dominants, actuellement, de la part des institutions, pour privilégier certains styles musicaux pour des raisons peut-être plus politiques qu'artistiques...

Je trouve dommage d'opérer un clivage entre modernité et passéisme : la question n'est pas là.


Peut-on s'attendre des nouvelles dates ou le 22, 23 et 29 juin sont les dernières ?

Nous avons des propositions mais pas de dates précises encore. Nous avons envie de travailler avec les collèges et lycées, IUT, classes préparatoires, tout public de jeunes. Essaïon nous fait des propositions pour nous reprogrammer l'année prochaine.


Wolfgang Pissors, avec votre regard allemand, trouvez vous que la réputation de Paris comme LA  ville culturelle dans le monde est toujours justifiée ?

Paris était, et est toujours un lieu de rencontre pour les artistes du monde entier. C’est incontestable. C’est aussi la raison pour laquelle j’étais attiré par cette ville, après un crochet par Londres. C’est aussi le thème de « Berlin en Seine », la rencontre, l’exil,  les retrouvailles et les beaux fruits qui naissent de ces rencontres et inspirations mutuelles des différentes cultures. 

Le  public vient et revient vous voir sur scène, avez-vous des retours des gens après les spectacles ? 

Oui, il y a des spectateurs qui reviennent plusieurs fois voir le spectacle. Ce répertoire est tellement riche et enrichissant, toujours actuel à mes yeux et ‘hors des modes’. Les spectateurs jeunes sont étonnés par l’importance des textes et la beauté de cette musique, qu’ils ne connaissent souvent plus. J’ai vraiment de la chance de pouvoir chanter ces textes accompagné d’Isabelle Serrand, qui est formidable, une artiste et musicienne exceptionnelle. Oui, je suis ravi que la proximité avec le public de la Salle Cabaret du Théâtre Essaïon permette une rencontre après le spectacle, fut elle brève, c’est toujours un moment fort, et souhaité.

samedi 18 mai 2019

Entretien avec la Gabonaise de Chatou : TITA NZEBI

La chanteuse gabonaise Tita Nzebi laisse peu de gens indifférents par sa prestance sur scène et ses prises de position. C'est suffisamment rare dans le monde culturel contemporain pour le souligner, notamment quand il s'agit d'une chanteuse africaine. Nous l'avons rencontrée dans son bel appartement cossu à Chatou en région parisienne. 




Comment vous sentez-vous après  le spectacle que vous avez donné le 6 avril au Café de la Danse ?  

Je me sens  bien. Soulagée du résultat obtenu et prête à affronter de nouveaux défis.

Oui d'ailleurs on raconte que vous revenez sur scène à Paris à la rentrée ?

Le 19 octobre je donne un spectacle intitulé 'Au gré des cordes' que je trouve déjà très beau avec un guitariste que j'apprécie beaucoup, Sec Bidens à l' Espace Sorano à Vincennes. J'avoue que J'aurais aimé être dans la salle pour voir ce spectacle. 

Est-ce que vous allez refaire ce spectacle 'From Kolkata' à Paris ou ailleurs ?

Non je ne pense pas. C'est un peu comme 'Une Aurore se lève', 'Clair de Lune'. Le récital pourrait être refait mais les autres ne le seront plus jamais.

Mais vous allez chanter des titres de votre album 'From Kolkata' ici et là ?

Oui tout à fait, partout où j'irai je les chanterai. Mais le show du 6 avril, il fallait être au Café de la Danse pour le voir.

Quelles sont les similitudes pour vous entre l'Inde et le Gabon ?

Similitude humaine. C'est banal mais important de le dire. On n'est pas si différents les uns des autres. C'est le genre de banalité qui mérite d'être répétée encore et encore. J'ai vu des choses dans les zones rurales en Inde que je voyais dans mon village à moi. Il y a les plantations, les maisons sont construites avec des matériaux locaux, bon ils sont un peu plus nombreux que les gabonais, c'est la grosse différence.

Vous pensez retourner en Inde ?

Je pense que je vais retourner en Inde, les gens y sont ravis par ce que je leur propose artistiquement. Je sais que  certaines personnes travaillent  actuellement pour me faire revenir. 

Avez-vous conscience que pour les Indiens, vous êtes au même niveau que Youssou N'Dour ou Salif Keita ?

Oui. parce que j'ai vu ce qui  été écrit par les gros médias en Inde. Les indiens me mettent à un niveau très haut, j'en ai conscience, je voyais comment après les concerts les gens voulaient me toucher. J'ai fait un concert dans une zone rurale, après arrive un monsieur bengali ne parlant pas un mot d'anglais, il est venu me voir et voulait absolument me parler, il me parlait en bengali, je ne comprenais pas mais il fallait qu'il me parle tellement il était ému par le spectacle. 

Du coup, quand on est accueilli comme une star en Inde, quand on est écoutée au Gabon, peut-être à la sauvette au vu des circonstances actuelles, avez-vous besoin de la France pour faire carrière ?

Oui. Parce que  la France c'est chez moi. J'ai commencé à bâtir cette carrière devant un public français. Les indiens , les gabonais me découvrent après les Français. C'est vrai qu'en France je n'ai pas encore la couverture médiatique que j'ai eue en Inde mais c'est sans doute lié au fait que les journalistes voient tellement passer d'artistes  africains qu'il leur est difficile de parler de tous. Mais la France reste  mon point de départ. Indéniablement. 

Et nous avons vu que vous allez chanter en Suisse bientôt

Oui. C'est LE festival où beaucoup d'artiste aimeraient se produire, ce sera le 6 juin à Winterthur, pour l'Afro-Pfingsten Festival puis le 9 juin au festival Monde de Couleurs  à Porrentruy, un autre grand festival. Je reviendrais en France pour le festival Samafrica dans le Gers en septembre. Ce sera un honneur pour moi d'en faire l'ouverture.

Donc un agenda plutôt rempli ?

Très bien rempli, ça me tombe dessus !

On sent en tout cas qu'ici, en France, votre carrière a une nouvelle aura...

Je le sens aussi, sincèrement, sans prétention aucune, je sens que je suis définitivement passée à une autre étape. Evidemment il y a encore du travail, on ne s'arrête jamais. Mais clairement je suis passée à une autre étape  de ma carrière.

Et quand vous ne chantez pas, vous vivez recluse à Chatou ?

Absolument (rires). Je vis recluse à Chatou. J'aime le calme de Chatou, de mon appartement, j'aime le fait de ne pas être loin de la station RER, je ne conduis pas donc c'est pratique. 

Depuis combien de temps vous n'êtes pas retournée au Gabon ?

Depuis 2012, je crois.  Un an après le décès de mon père. Pour une cérémonie de souvenir. Mon père était important pour beaucoup de gens. Et depuis je ne suis pas retournée.

Qu'est-ce que votre père aurait pensé de votre  carrière ?

Je pense qu'il aurait été très fier de moi? Il aurait été triste de ne plus me voir au Gabon car pour le moment je ne peux pas y aller, j'ai choisi de ne plus y aller, tant que la dictature a les moyens de s'accrocher, car elle est soutenue par  la France, le FMI, l'ONU, l'Agence Française de Développement, par Macron, Le Drian, par le silence actuel de l'UE, de l'Union Africaine. Cette dictature a des soutiens énormes sur la scène internationale. Je suis ravie de constater que beaucoup de gabonais sont clairement déterminés à résister. C'est dommage que nous soyons si seuls. Imaginez que malgré les meurtres, la CPI n'a pas mené d'enquête ! La résistance sera longue. Si mon père était encore en vie il aurait été fier et triste mais qui sait je l'aurai peut-être fait venir en France pour me voir.

Vous avez reçu de près ou de loin des sortes d'intimidations par rapport à vos actions flamboyantes ?  

Pas tout à fait... des gens m'ont dit par exemple 'il faut que tu arrêtes, c'est dangereux'. Ce n'est pas forcément conscient. J'ai eu le courage de dire à ma mère que je n'arrêterai pas de chanter ce que je chante : je dis la même chose aux autres. J'ai la chance de me produire sur des scènes en France, j'ai une vie confortable, je parle, je ne vais pas arrêter de parler...Je suis désolé maman (rires)

Et heureusement vous n'êtes pas tout à fait seule en tant qu'artiste gabonaise à avoir pris position contre la dictature,  peut-on parler d'un courant artistique résistant ? 

Oui, clairement. Déjà Pierre Claver Akendengué a été le premier. Je le cite. Je vais citer le groupe de rap Movaizhaleine, qui dénonce depuis longtemps les travers de la politique gabonaise. Leurs textes sont même étudiés dans les établissements gabonais. Je vais citer François Ngwa, Jann Halexander, Chyc Polhit, Nanda, des artistes que je connais moi. Il y a le chanteur Koba aussi. Il y a  des artistes clairement opposés à la dictature gabonaise et qui continuent de résister que ce soit dans la diaspora et au Gabon même. 

Mais au fond, est-ce que vous résistez car vous n'avez pas peur de la mort ? 

Bon...ça ne sert à rien d'avoir peur de la mort, tout le monde y passera. On pourrait avoir peur d'une mort violente et c'est normal. Bongo père a fait assassiner l'amant de sa femme en France et n'a jamais été inquiété, il a même eu le soutien des services secrets français et c'est de notoriété publique puisque RTL en a parlé. Le fait d'être en France ne nous protège en rien. Mais avons nous le choix ? Cette dictature perdure du fait de nos silences. 


Croyez-vous qu'on peut faire une longue carrière, sachant que vous chantez depuis 2006, sans se renier ? 

Oui. Je pense que c'est possible. C'est une question de choix personnel. L'histoire le dira. Mais je pense que c'est possible de faire une longue carrière sans se renier, exemple Miriam Makeba. Elle a passé trente ans en exil. Elle est morte sur scène en Italie. Elle est allée chanter pour soutenir un italien menacé pour ses prises de position contre la Mafia. Toute sa carrière fut sous le sceau de l'engagement. Je prends l'exemple de Pierre Claver Akendengué qui ne cesse de chanter contre toute forme de domination. Depuis longtemps. Est-ce que j'arriverais à faire comme lui ? On aura une réponse définitive dans trente ans.

Merci, Tita Nzebi, merci et bravo.

Merci beaucoup. 






jeudi 21 février 2019

Quand la conteuse Elisabeth de Caligny nous parle des ovnis en Pologne


Quand l'artiste Bertrand Ferrier parle du poète Abad Boumsong


Surtout, ne pas nier l'évidence : Abad Boumsong est, résolument, joyeusement, viscéralement, hors sujet. Sur scène, il ne dit pas yo, fuck, bro. Il présente ses poèmes punchy : il ne répète pas les slogans des associations bien-comme-il-faut. Il propulse avec précision des textes intelligibles et généreux : il ne répand pas des sirops convenus et niais. Il ne dénonce pas, il pose. Il n'insulte pas, il questionne. Il ne prétend pas, il propose. Il n'est pas en marche, ouf : il marche vers nous. Une anecdote à son sujet ? La première fois que je l'ai rencontré, juste avant que je ne le voie sur scène, il m'a offert du thé aromatisé au fruit de baobab. C'était à la fois savoureux et inattendu, mais je ne pouvais pas savoir, alors, que c'était aussi une métaphore de ce qui m'attendait.

Bertrand Ferrier

mercredi 6 février 2019

Trois questions à Claudio Zaretti #concertenvue




Le 15 février, Claudio Zaretti propose son premier tour de chant parisien de l'année, seule en scène à l'Atelier du Verbe. L'artiste a accepté de répondre à nos questions. 

Bonjour Claudio Zaretti, certains disent que vous êtes un peu dans la lignée d'un Enrico Macias ou Paco Ibanez, qu'en pensez-vous ?

Oh oui joli tandem ! A propos d’Enrico Macias c’est le souvenir des maxi 45 tours de mes parents avec ces mélodies si chantantes et dans les paroles on entendait souffler le vent des exilés…et sa guitare toujours présente dans la chanson ça me ravissait, et en plus je la trouvais super belle sur les pochettes…



Et Paco Ibanez c’est une grande découverte de mon adolescence, ces 2 albums dans lesquels il chante les poètes espagnols avec les dessins de Dali, tournaient en boucle sur l’électrophone. Des mises en musiques si ardentes, juste guitare-voix et sa voix si nostalgique… j’adore !



Qu'est-ce que cela signifie de monter sur une scène pour vous ?

Ce que ça signifie c’est difficile à dire mais ce que je ressens c’est une façon de repousser au maximum la tricherie, c’est un moment unique de mise à nu et où, paradoxe, on se vêt peu à peu tout le long de la chanson avec les mots et la musique ! Enfin bizarre ce que je raconte …  comme un strip-tease à l’envers ?







Vous avez une discographie assez fournie. Imaginez que vous devez partir sur une île déserte avec une seule chanson, ce serait laquelle ?

Vous voulez dire une des miennes ? voilà une question qu’elle est bonne euh je ne sais pas …actuellement…peut-être pourquoi pas « Toi qui écoutes » ?

Merci !





mardi 5 février 2019

Tita Nzebi de retour la scène du Café de la Danse le 6 avril : Entretien

Le 6 avril, la chanteuse gabonaise Tita Nzebi remonte pour la troisième fois sur la scène du Café de la Danse. Elle y défend son nouvel album 'From Kolkata'


Bonjour Tita Nzebi, certains disent que vous êtes un peu dans la lignée d'une Myriam Makeba ou d'une Angélique Kidjo, qu'en pensez-vous ?

Je pense que j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’atteindre le niveau de ces grandes dames en termes de notoriété et de carrière. Mais c’est un honneur d’être classée dans cette lignée-là. Cela prouve que mon travail a un certain potentiel.



Qu'est-ce que cela signifie de monter sur une scène pour vous en 2019 ?

Monter sur scène en 2019, au Café de la danse, alors que j’ai commencé en 2006 dans les cafés et bars parisiens, signifie pour moi, qu’entre mes débuts et maintenant j’ai franchi énormément d’étapes. Je suis particulièrement fière de tout ce chemin parcouru car c’est le fruit d’efforts personnels. J’ai décidé de tracer ma route et sur celle-ci j’ai croisé toutes les personnes qui m’accompagnent dans ce projet.

Ce 3e concert au Café de la danse, pour la sortie de mon 2e album est un bel accomplissement. J’espère qu’il sera beau et qu’il ne sera pas le dernier. 

Votre discographie s'étoffe. Imaginez que vous devez partir sur une île déserte avec une seule chanson, ce serait laquelle ?

Aujourd’hui, le titre qui me vient en tête pour répondre à cette question c’est Bol'a ngu, le premier titre sur mon précédent album Métiani.







Michael Bond in french s'il vous plaît. Just french.

  Reconnaissons une qualité à Florian Philippot (au moins une) : c'est d'avoir permis au chanteur Michael Bond de monter sur la scè...