mercredi 31 décembre 2014

Littérature : 'Les paysages intérieurs' d'Anne-Cécile Makosso-Akendengué, écriture de femme, femme d'écriture...


Littérature :
 'Les paysages intérieurs' d'Anne-Cécile Makosso-Akendengué, écriture de femme, femme d'écriture...[par F.CARNAVAN]

Pardonnez-moi si je vous dis que j'ai souvent trouvé qu'il y avait une écriture féminine et une écriture masculine. Ce n'est sans doute pas politiquement correcte de dire cela mais c'est ce que je ressens. C'est profondément subjectif. Certains romans écrits par une femme tombent sous le sens pour moi. Je me dis 'jamais un homme n'aurait pu écrire de cette façon'. Il plane sur les œuvres des écrivaines -c'est le mot- une sorte de troublante légèreté qui m'a toujours fasciné. Non, pas la légèreté superficielle, plutôt une forme de détachement troublant qui donne un côté aigre-doux aux histoires. Les moments les plus graves, par exemple, les plus durs, les plus violents, sont comme apaisés par une forme de distance, de détachement, que je n'ai pas souvent constatés dans les œuvres écrites par les hommes.

La lecture des 'Paysages intérieurs' d'Anne-Cécile Makosso-Akendengué, recueil de nouvelles offert par un ami, voisin, n'a fait que confirmer mon ressenti. Ce sont quinze nouvelles magnifiques sur la notion de résilience. Comment fait-on quand on est au bout du rouleau, comment fait-on pour accepter les aspects monotones, crus, durs de la réalité ? Comment fait-on pour digérer un passé qui passe mal ou carrément s'inventer un passé ? Pourquoi le fait-on ?

Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis arrêté, pensif, au milieu d'une nouvelle et j'ai réfléchi sur ma propre vie, ma famille, mes amis, mes amours, mes ratages, mes réussites. Sur le passé. Je n'ai pas souffert non plus pour les protagonistes, ni pour moi d'ailleurs. Parce qu'encore une fois il y a ce détachement, cette légèreté ambiante, trompeuse évidemment, mais qui fait son effet. Il y a un style Anne-Cécile Makosso-Akendengué, incontestablement, depuis son premier roman, décalé, 'Mathilde et son pianiste', en passant par son récit autobiographique sur ses années de femme française au Gabon, 'Ceci n'est pas l'Afrique'.





Voilà une écrivaine que vous aurez peu de chances de voir s'exprimer dans la Grande Librairie sur France 5. Bon, elle réside à Angers, dans l'ouest de la France, ne vit pas dans le Paris incontournable de la 'Culture'. Vous aurez peu de chances d'en entendre parler dans le Magazine Littéraire, Télérama ou encore Le Nouvel Obs. Elle n'est pas la seule dans ce cas, vous me direz, mais enfin, on peut le déplorer. Car elle publie régulièrement et a un public. Elle prouve avec sa nouvelle œuvre qu'elle est capable de passer du format roman au format nouvelles sans perdre son style, mélange de gravité, de nostalgie et d'humour aussi : la nouvelle 'Journal des poissons rouges' est une merveille du genre, je ne vous en dis pas plus ! La force de ce recueil est de présenter une variété de situations, parfois incongrues (la femme qui n'a arrive pas à dormir et réfléchit en pleine nuit, sur comment agencer une future maison alors qu'elle n'a pas du tout l'instinct propriétaire) parfois émouvantes (un dialogue mère-fille qui cache des non-dits).

Humour, émotion, nouvelles d'une femme qui écrit : d'une femme qui vit. D'une femme qui écrit sur la Vie. Sur nos Vies. A lire, relire, offrir, sans modération. Une belle façon de débuter l'année 2015.

F.Carnavan.

(je remercie ce blog d'héberger mon point de vue - photographies publiées avec l'aimable autorisation de J.H)

Biographie de l'auteur : Anne-Cécile Makosso-Akendengué est née à Longué dans le Maine-et-Loire. Elle est déjà l'auteur d'un roman intitulé Mathilde et son pianiste publié sous le nom de Frébeau, aux Editions Les 2encres ainsi que d'un livre de souvenirs, Ceci n'est pas l'Afrique aux Editions L'Harmattan. Elle est actuellement disquaire et a enseigné plusieurs années la philosophie au Gabon.




Paysages Intérieurs.
Broché, 134 pages, EDILIVRE, paru le 5 septembre 2014/ Collection Classique.

Points de vente :


Mais aussi sur ...







Extrait
'Paysages intérieurs'
Anne-Cécile Makosso-Akendengué
Ed.Edilivre
2014

C’est mon travail, actuellement, de téléphoner a
des inconnus, pour les convaincre du malheur des
autres. Les interlocuteurs, dont je ne vois pas plus le
visage qu’ils ne voient le mien, changent ; pas ce que
je dois leur dire, et surtout pas la manière dont je dois
leur parler. Formation oblige. Je dois être polie,
aimable, voire enjouée, tout ce que je n’ai pas envie
d’être. En plus, je leur pose des questions dont la
réponse m’indiffère profondément, en vraie
professionnelle.
On m’invente régulièrement des noms. Pas
Dupont ni Durand, mais ça pourrait, ça y ressemble
parfois. Pas franchement terroir, cependant aux
sonorités bien de chez nous, dit-on. Moi aussi, je suis
bien de chez nous, mais c’est quoi ≪ chez nous ≫ ?
Mon nom a une consonance assez exotique. Ma
couleur aussi, quoique…Il est arrive une fois qu’on
me demande si je ne revenais pas des sports d’hiver,
pour être bien bronzée comme ça ! Heureusement
que celle qui posait cette question le faisait sans
méchanceté, ça sautait aux yeux, sinon j’aurais pu
m’énerver. J’aurais dû ?
On ne me voit pas dans ce boulot, mais si quelque
chose transpirait de mon étrangeté ?

Pour bien débuter l'année 2015 toujours en lectures, par des femmes de talent, sur les suggestions des uns et des autres :

Marie Laberge, 'Revenir de loin' (Editions Martha)
Anne Sylvestre, 'Coquelicot et autres mots que j'aime' (Points)

Véronique Pestel, 'Cahier d'Apprendre' (La Guilde des Créateurs du Monde)





vendredi 12 décembre 2014

Sortie du recueil 'Paysages intérieurs' [Anne-Cécile Makosso-Akendengué]






Paysages intérieurs

[Anne-Cécile Makosso-Akendengué]


Ce recueil est composé de quinze nouvelles dont les thèmes variés ont un point commun : le fait d'être confronté à la réalité, plus forte que l'imagination ou les élucubrations des protagonistes. Du travail à la vie de famille, de la place des souvenirs aux efforts pour surmonter des obstacles, l'auteur décrit des situations dont il faut avoir la force de sortir, des existences partagées entre rêve et réalité. Ces paysages intérieurs nous rappellent que le quotidien nous oblige à rêver si on veut le rendre supportable.

Biographie de l'auteur

Anne-Cécile Makosso-Akendengué est née à Longué dans le Maine-et-Loire. Elle est déjà l'auteur d'un roman intitulé Mathilde et son pianiste publié sous le nom de Frébeau, aux Editions Les 2encres ainsi que d'un livre de souvenirs, Ceci n'est pas l'Afrique aux Editions L'Harmattan. Elle est actuellement disquaire et a enseigné plusieurs années la philosophie au Gabon.


Broché: 134 pages
  • Editeur : Edilivre (5 septembre 2014)
  • Collection : Classique

Points de vente :


Mais aussi sur ...






***
Extrait
'Paysages intérieurs'
Anne-Cécile Makosso-Akendengué
Ed.Edilivre
2014

C’est mon travail, actuellement, de téléphoner a
des inconnus, pour les convaincre du malheur des
autres. Les interlocuteurs, dont je ne vois pas plus le
visage qu’ils ne voient le mien, changent ; pas ce que
je dois leur dire, et surtout pas la manière dont je dois
leur parler. Formation oblige. Je dois être polie,
aimable, voire enjouée, tout ce que je n’ai pas envie
d’être. En plus, je leur pose des questions dont la
réponse m’indiffère profondément, en vraie
professionnelle.
On m’invente régulièrement des noms. Pas
Dupont ni Durand, mais ça pourrait, ça y ressemble
parfois. Pas franchement terroir, cependant aux
sonorités bien de chez nous, dit-on. Moi aussi, je suis
bien de chez nous, mais c’est quoi ≪ chez nous ≫ ?
Mon nom a une consonance assez exotique. Ma
couleur aussi, quoique…Il est arrive une fois qu’on
me demande si je ne revenais pas des sports d’hiver,
pour être bien bronzée comme ça ! Heureusement
que celle qui posait cette question le faisait sans
méchanceté, ça sautait aux yeux, sinon j’aurais pu
m’énerver. J’aurais dû ?
On ne me voit pas dans ce boulot, mais si quelque
chose transpirait de mon étrangeté ?er. Formation oblige. Je dois être polie,
aimable, voire enjouée, tout ce que je n’ai pas envie
d’être. En plus, je leur pose des questions dont la
réponse m’indiffère profondément, en vraie
professionnelle.
On m’invente régulièrement des noms. Pas
Dupont ni Durand, mais ça pourrait, ça y ressemble
parfois. Pas franchement terroir, cependant aux
sonorités bien de chez nous, dit-on. Moi aussi, je suis
bien de chez nous, mais c’est quoi ≪ chez nous ≫ ?
Mon nom a une consonance assez exotique. Ma
couleur aussi, quoique…Il est arrive une fois qu’on
me demande si je ne revenais pas des sports d’hiver,
pour être bien bronzée comme ça ! Heureusement
que celle qui posait cette question le faisait sans
méchanceté, ça sautait aux yeux, sinon j’aurais pu
m’énerver. J’aurais dû ?
On ne me voit pas dans ce boulot, mais si quelque
chose transpirait de mon étrangeté ?

Michael Bond in french s'il vous plaît. Just french.

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