Interview
avec la chanteuse Pascale Locquin
Lundi
12 mai 2014, Paris.
Pascale
Locquin a arpenté les cabarets de Paris et d'ailleurs en France
dès 1985. En 1995 sortait son album 'Attention...pas...Sage !'
Chanteuse de scène, au répertoire décalé, ciselé, évoquant
aussi bien Colette Magny que Catherine Le Forestier, l'auteure de
'C'est tout lune' inaugurera en 2015 trente années de vie musicale,
hors des sentiers battus. Echanges avec la chanteuse, ancienne
handballeuse (encore maintenant, elle tient à son footing régulier),
à l'approche de son concert au mythique cabaret Le Magique, le 24
mai.
***
Bonjour Pascale, il y
a quelque chose qui me fascine dans ton parcours, comment passe t-on
du sport à la chanson ?
Le
sport et la chanson, c'est un peu lié. Quand j'étais adolescente,
je me disais que je ferai du sport d'abord et que je chanterai après
(rires). Depuis toute petite, j'aime chanter et j'aime le sport,
c'est une école de la vie pour moi. J'ai toujours été quelqu'un de
très physique. J'ai fait de l'athlétisme 800 mètres, j'ai été
championne régionale d'espoir Champagnes-Ardennes. J'ai fait presque
toutes mes études à Troyes. Au lycée, j'avais une guitare...
J'étais
de 1979 à 1982 dans l'un des plus grands clubs de handball féminin.
Gardien de but. A Troyes j'ai connu Jean-Marie Bigard, ailier de
l'équipe Handball masculine, son frère Jean-Pierre était gardien
de but. C'était une grande période, on faisait la fête, tout ça,
le monde du sport est un peu protégé, c'est aussi une école de la
Vie. Après Troyes, je suis partie à Paris jouer à l'ASPTT
(Association Sportive des P.T.T).
A quel moment tu as
quitté ce monde-là ?
33
ans. J'ai arrêté à 33 ans. La chanson, le sport, ce sont deux
passions que je voulais mener à bien. J'ai commencé à chanter dans
les restauants, les petites salles de spectacles.
Dans ton parcours, ta
rencontre avec la chanteuse Catherine Le Forestier a été
déterminante, semble t-il, tu lui a même dédié la chanson 'Femme
pas très faux cils'...
Je
suis allée voir Catherine Le Forestier à son spectacle, à Paris,
c'était en 1984. Je suis allée la voir après, j'ai discuté avec
elle. Cela m'a permis de faire le point, de savoir pourquoi je
chante, comment on construit un spectacle, etc. Il faut dire qu'elle
sortait des sentiers battues.
Et tu t'es vraiment
lançée...
Oui,
je me suis retrouvée dans pas mal de festivals, parfois sans m'y
attendre. Par exemple le fameux festival d'Artigues, qui n'existe
plus, mais qui était très important dans le milieu chanson...
Un peu comme le
festival de Barjac maintenant ?
On
peut le dire, oui. Le public pouvait être très dur. Moi j'y ai
chanté. Il y avait Gilbert Lafaille dans le public. Les festivals,
oui...c'est important...après si tu n'as pas de structure derrière
toi, c'est difficile. Je suis toute seule avec ma guitare, mon
téléphone, mon stylo. Je n'ai jamais eu de label.
Qu'est-ce que
signifie chanter pour toi, justement ?
L'acte
de chanter, c'est la transmission d'une émotion, à travers les
notes, les musiques. C'est se mettre à nu. Un jeu narcissique, même
quand on ne parle pas de soi directement. Faut être un peu
égocentrique pour monter sur scène, je n'échappe pas à la règle.
(rires).
Et l'inspiration,
comment vient-elle ?
J'écris
quand je sais que j'ai quelque chose à dire. Si j'ai rien à dire,
je préfère me taire. Et quand j'écris, c'est pratiquement d'une
seule traite.
Ton premier album est
sorti en 1995...
Oui.
Je me suis dit 'Pascale, si tu fais pas de disque avant 40 ans,
t'arrêtes tout !' (rires). J'ai eu l'occasion de le faire. Le
titre Attention pas...sage ! C'était un clin d'oeil
à celles et ceux qui disaient que j'étais un pitre.
Dans ton répertoire,
quelles sont les chansons qui, tu penses, marquent les gens ?
Femme
pas très faux cils...C'est pas Christ. C'est tout
lune. Oui, on peut dire que les gens qui viennent me voir en
spectacle sont marqués par ces chansons.
Et toi,
personnellement s'il y a une chanson que tu devais emmener sur une
île déserte ?
Je
les aime toutes. Je prendrais mon recueil.(rires) Dans mon
répertoire, je dois avoir...300 chansons...sur scène, j'en ai déjà
chantées les trois quart. Ce sont des chansons précieuses, des
tranches de vie auxquelles je tiens.
Il y a une
chose...plus intime, je dirais, dont je voulais un peu parler, tu es
une femme qui aime les femmes, est-ce quelque chose que tu as abordé
dans tes chansons ?
Oui.
N'hosto ou tard. Chantée sur scène. Elle fait
référence à une relation amoureuse entre deux femmes, une médecin
et sa patiente.
Et justement, quel
regard as-tu posé sur les manifestations contre le mariage pour
tous ?
Je
ne veux pas être cataloguée chanteuse homosexuelle, même si j'ai
chantée dans des soirées homos. Je ne veux pas rester coincée
là-dedans. Mais ceux qui défilent contre le mariage pour
tous...c'est la haine, c'est...l'horreur...ces gens ne m'inspirent
pas. Je n'ai pas envie de parler d'eux. Ce serait gaspiller de la
salive. Il y a d'autres combats à mener.
Je comprends. Des
combats...et des projets, côté projets, qu'envisages-tu ?
J'ai
écrit un projet culturel et sportif, j'aimerais qu'il y ait quelque
chose qui se passe. Je chante le 24 mai au Magique. J'espère
enregistrer un disque bientôt.
Comment as-tu
découvert le Magique ?
A
l'occasion d'une soirée que donnait la chanteuse Nathalie Solence et
le guitariste Claude Gaisne. Ils invitaient des artistes dans le
cadre d'une scène ouverte. Marc Havet (n.b : chanteur et patron
du Magique) m'a proposé de venir y chanter par la suite. Et
maintenant depuis 3 ans, chaque année j'y chante.
Et ils seront
nombreux, je le souhaite, le 24 mai à t'applaudir. Merci, Pascale
Locquin pour cette interview.
Merci
à toi.
***
Dehors
il pleuvait, il ventait. Nous avons continué à papoter de choses
plus informelles. Chanteuse qui écrit ses textes et ses musiques,
Pascale Locquin aime l'humour, n'aime pas trop les voyages (si ce
n'est les voyages intérieurs), mais apprécie la Bretagne, la région
du Sud-Ouest. Elle aime la cuisine du terroir. Musicalement, elle
peut être éclectique, adore Véronique Pestel, Anne Sylvestre,
Catherine Le Forestier, apprécie beaucoup Maxime Le Forestier,
Michèle Bernard, Catherine Lara, Serge Reggianni, Allain Leprest,
Louis Capart, dans les jeunes générations, aime bien Agnès Bihl,
Virginie Seghers, Jann Halexander, Indila.
Pascale
Locquin, c'est une voix reconnaissable, inimitable et chacun de ses
concerts sont l'assurance d'un beau moment de complicité, de
chaleur, comme quand on retrouve une amie avec qui parler de tout, du
temps qui passe, bref, de nos vies.
En
concert le 24 mai, au Magique, 42 rue de Gergovie, 75 014 Paris.
Métro Pernety, ligne 13. http://www.aumagique.com
En
attendant le nouvel album, le premier album sera bientôt disponible
sur toutes les plates-formes de téléchargement légal.
Chansons
sur disque à ce jour :
C'est pas Christ
C'est tout lune
Duchesse y penser
Enterrons le H de guerre
Femme pas très faux cils
Les 3 grâces
Les sens de la vie
Medic'amant
Mediocre cite
Mouche à chaud
Naissance d'un cri
Temps regretemps
C.D.M
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