Résumé
Les Russes ne
connaissent pas la chanteuse française Anne Sylvestre. D’ailleurs
moi non plus je ne la connaissais pas. Jusqu’à l’âge de 23 ans.
Avec
humour et poésie, le chanteur Jann Halexander évoque sa rencontre
avec la chanteuse Anne Sylvestre à travers son œuvre, et évoque en
parallèle son chemin de vie.
Auteur, compositeur,
interprète, comédien réalisateur, Jann Halexander chante depuis
2003 en France, Belgique et en Allemagne. Né le 13 septembre 1982 à
Libreville (Gabon), l’artiste franco-gabonais, pianiste, vit entre
Angers et Paris.
Points de vente :
Ebay, Priceminister, CD-LP-, Le Bon Coin
Prix : 8 euros
Version PDF
disponible : envoyer paiement de 5 euros à halexander@voila.fr
Interview sur le
bouquin : (lien)
***
Extraits
Il
faut le savoir, l’admettre, l’univers des chansons pour adultes
d’Anne Sylvestre est d’une violence insoutenable. A côté, les
rappeurs sont des enfants de chœur. Violence d’autant plus
insoutenable qu’elle arrive masquée par des musiques et des
paysages solaires. Doux clavecin qui résonne et champs de blés…mais
dans les champs de blés et les douces maisons, il est question de
viols sauvages et d’âmes meurtries. De couteaux, de cris, d'
insultes. Il y a celle qui se désole devant son miroir d'être si
gentille et désespérée. Une autre
qui n’en peut plus et voudrait rien
qu’une fois faire des vagues.
[...]
En
général, autour de moi, on ne comprend pas mon engouement pour
l’œuvre d’A.S. Sa voix dérange souvent. Ses musiques trop
classiques sont vite jugées dépassées, surannées, vieille France.
Et puis ses engagements, la cause des femmes, l’avortement…c’est
marrant le nombre de femmes qui ne la supportent pas et qui pourtant,
par leurs parcours de vie, lui ressemblent tellement. Comprenne qui
pourra, ce sont les gens qui se ressemblent le plus qui souvent se
vouent une belle inimitié – quand ce n’est pas de la haine ou du
mépris. Au-delà des engagements, certaines chansons sont
éprouvantes. La chanteuse ne triche pas. Barbara pouvait tricher,
c’était beau, grâce à une mise en scène flamboyante et sombre,
une gestuelle travaillée. Psychologiquement, l’auditeur-spectateur
était prêt à entendre parler d’aigle noir, de pluie sur Nantes
et de guerre à Göttingen. Mais il est des textes chez Anne
Sylvestre dont Bernanos
aurait apprécié l’âpreté, la rugosité, surtout les anciennes
chansons. J’ai parlé des femmes qui avortent, tuent leurs enfants,
se font violer, se suicident…d’enfants qui pleurent au fond de
puits que l’on recouvre... pour ne plus les entendre, d’hommes et
de femmes qui meurent malheureux. La mort chez Anne Sylvestre est
sans appel. Mais où se cache l’espérance ? Au détour d’un
vers, d’un mot, d’une intonation de voix, mais elle est si rare
cette espérance, je n’arrive à la trouver, je cale plutôt sur la
désespérance d’une femme qui pointe les tares d’une société
en chantant le sentiment qu’il n’y rien à faire…sinon chercher
un mur pour pleurer…Anne
Sylvestre m’a appris à vivre avec la résignation. Vivre résigné
à l’état du monde. Mais une résignation flamboyante. On ne peut
rien faire parfois ? Certes mais on peut toujours parler, crier,
chanter, jusqu’à la logorrhée, surtout ne pas se taire, insister,
même si on va droit dans le mur, ce mur que l’on cherche pour
pleurer, ce mur qui est le même pour tous, c’est la mort.
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